Page:D’Esparbès - Le Roi (1910).djvu/365

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
345
LE ROI

aux États, l’un des maréchaux de la création de Mayenne nommé La Châtre, qui représenta l’imprudence d’élire un roi tandis qu’on n’avait point de troupes, « que le Béarnais, pendant ce temps, préparait les siennes qui étaient fort bonnes et martiales, et qu’il fallait bien plutôt accepter sa trêve dont on avait grand besoin ».

Cette proposition était la seule sensée. Mais que d’heures perdues. Tant de cérémonies, tant de phrases pour tomber si bas. Un orateur de l’assemblée, finalement, remercia l’Espagne de ce qu’elle avait fait pour la cause, proclamant que la gravité des affaires ne permettait plus l’élection. Que dirent là-dessus les ambassadeurs ? On en attendait quelque éclat. Peureux, ils balbutièrent, assurant « que le roi leur maître n’avait travaillé que pour le bonheur de la France, et qu’elle ne l’avait pas compris ». Puis ils se turent.

Un pareil dénouement au drame le rendit burlesque, c’est ce qu’attendait le Gascon. Le livre qui flagellait les États, révélait les crimes et la bêtise espagnole était sous sa main, il l’ouvrit, lâcha la Satire Ménippée qui s’envola sur ses fortes ailes de chimère, et un inextinguible éclat de rire souleva la France :

— À bas les princes ! À bas les mauvais moines ! À bas le prévôt ! La trêve ! Nous réclamons la trêve ! Vive le brave homme !

Le roi, en son camp de Saint-Denis, écoutait ces acclamations.

— J’entends bien, disait son sourire, mais