Page:D’Alembert - Œuvres complètes, éd. Belin, IV.djvu/206

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

serais point étonné que d’autres entendissent différemment cet endroit, et traduisissent : par quel motif cherche-t-il à se faire attribuer tout ce qui est louable ? insinuation adroite des courtisans, pour faire craindre à Néron que Sénèque, en cherchant des prôneurs et des partisans, n’aspirât secrètement à l’Empire. Dans les éditions précédentes, j’avais traduit : comme s’il ne devait rien y avoir de louable que ce qui venait de lui, et j’avais rapporté cette phrase à celle d’auparavant, où il est question des talens de Néron, comme cocher et comme chanteur ; talens que ses courtisans mettaient sans doute au nombre de ses belles actions, exprimées par le mot clarus. Ce sens pourrait encore se soutenir, grâce à la bassesse de ces courtisans, et ne manquerait pas même de finesse, si les mots quem ad finem pouvaient aussi bien s’y adapter qu’aux deux autres sens : mais je n’avais que faiblement et imparfaitement rendu ces mots latins par les mots comme si ; c’est pour cela que j’ai suivi, dans cette édition, un autre sens, qui d’ailleurs se lie très-bien avec ce qui suit.

N’ayant de leçons à prendre que de ses aïeux.

(127). Racine a imité tout cet endroit dans Britannicus, acte I, scène II, où Agrippine dit à Burrhus :

Néron n’est plus enfant, n’est-il pas temps qu’il règne ?
Jusqu’à quand voulez-vous que l’empereur vous craigne ?
Ne saurait-il rien voir qu’il n’emprunte vos yeux ?
Pour se conduire enfin n’a-t-il pas ses aïeux ?

(128). Comme un soldat ou un voyageur fatigué demande du soulagement. Le texte dit à la lettre, quomodo in militia aut via fessus adminiculum orarem. Fatigué d’un voyage ou du service militaire, je demanderais du repos ; de même, etc. J’ai cru devoir préférer l’autre manière de traduire, qui (en conservant le même sens) me paraît à la fois plus simple et plus noble.

(129). Qui m’importune. Le texte dit, quorum fulgore perstringor ; ce qui peut signifier, dont l’éclat me blesse, ou dont l’éclat m’attire des reproches. Le premier sens paraît plus conforme au texte ; le second l’est peut-être davantage à ce que Tacite a dit plus haut sur la jalousie que Sénèque inspirait aux courtisans. En ce cas, on pourrait traduire ce superflu si offensant par son éclat, où peut-être mieux encore, si importun par son éclat, ce qui renfermerait les deux sens.

(130). Me croiriez-vous inférieur à Claude ? Je lis ici Claudio postponis avec plusieurs traducteurs. J’avais lu auparavant præponis, comme dans quelques éditions, et j’avais tâché de trouver un sens conforme à cette leçon ; mais postponis me paraît plus naturel, et je l’ai adopté.

(131). C’est par où l’on finit toujours avec son maître. Qui finis omnium cum dominante sermonum. Quoique j’eusse fait mention de ce sens dans les notes des éditions précédentes, j’en avais préféré un plus