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DES FLUIDES.

les moulins à eau et à vent, et sur le solide de la moindre résistance.

Le dernier chapitre de cet ouvrage contient des recherches sur les fluides qui se meuvent en tourbillon, et sur le mouvement des corps qui y sont plongés. Mon dessein, dans ce chapitre, n’a été ni de soutenir une cause aussi désespérée que celle des tourbillons de Descartes, ni de lui porter de nouveaux coups. Je me suis seulement proposé de donner au public mes recherches sur un sujet qui est par lui-même assez curieux, indépendamment de l’application qu’on voudrait en faire au mouvement des planètes. J’ai tâché de ne renfermer dans ma théorie que des propositions nouvelles et intéressantes pour les géomètres. Si je suis entré dans quelque détail sur les tourbillons cartésiens, ç’a été pour éclaircir quelques articles singuliers et importans qui ont été jusqu’ici peu approfondis, et à la discussion desquels la nature de mon sujet m’a conduit. Un plus long examen du système de Descartes n’aurait eu rien de nouveau. D’ailleurs, ce système n’a presque plus aujourd’hui de sectateurs parmi les physiciens : il est vrai que dans des circonstances singulières, de très-habiles géomètres se sont déclarés partisans de l’hypothèse de Descartes : mais ils nous ont laissé tout lieu de croire, par les raisons dont ils l’ont appuyée, que ce n’était pas sérieusement qu’ils en prenaient la défense. À l’égard de ceux que la prévention ou le défaut des lumières attache encore aux tourbillons, en vain chercherions-nous à les convaincre. Ce n’est point par des démonstrations qu’on peut espérer de déraciner des préjugés aussi invétérés, et de détruire une opinion à laquelle même quelques personnes croient faussement que l’honneur de la nation est intéressé. Heureusement ces personnes sont aujourd’hui en petit nombre, et le système des tourbillons est presque entièrement proscrit, même dans nos écoles.