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ÉLÉMENS

vetustatis, vel homînis causâ, reipublicæ reservate. Conserver tout à la fois à cette phrase sa noblesse, sa brièveté, sa simplicité, sa rondeur, et surtout le genre d’harmonie qui lui est propre, est une entreprise que je laisse à de plus habiles que moi.

Il me semble que la question tant agitée, si les inscriptions doivent être en français ou en latin, peut se décider aisément par les principes qu’on vient d’établir. L’inscription doit être dans celle des deux langues qui rendra de la manière la plus courte, la plus énergique et la plus noble, sans dureté ni sécheresse, ce qu’on veut exprimer. Je doute, par exemple, que l’inscription de la statue de Montpellier, A Louis Quatorze âpres sa mort, fût aussi bien en langue latine, Ludovico decimo quarto ex oculis sublato ; comme je doute que celle des invalides de Berlin, Lœso et invicto militi eût pu être aussi bien en français. Cette inscription simple, Henri IV, au bas de la statue d’un de nos plus grands rois, non-seulement dira plus qu’une inscription longue et fastueuse, elle dira mieux même que ne ferait la simple inscription latine, Henricus decimus quartus ; parce que la longueur de ce nom dans une langue étrangère, et le retour monotone des désinences en us, nous rappelle moins agréablement l’idée de ce prince, que le nom dont nous avons coutume de l’appeler Henri IV dira mieux encore que Henri-le-Grand, parce qu’il suffit de son nom sans éjjithète pour réveiller toute l’idée que nous avons de ce grand roi, et qu’une épithète qui n’ajoute rien à l’idée, est inutile et froide. On pourra se former par ce peu d’exemples, sinon des principes détaillés, au moins une méthode sûre pour juger, et de la langue dans laquelle une inscription doit être écrite, et des qualités que l’inscription doit avoir. Une plus longue discussion sur ce sujet nous mènerait trop loin, et aurait un rapport trop éloigné avec la matière que nous avons traitée dans cet article.

XIV. MATHÉMATIQUES.
ALGÈBRE.

Dieu, l’homme et la nature ; voilà, suivant la division générale de l’Encyclopédie, les trois grands objets de l’étude du philosophe. Nous venons de voir quelle route il doit suivre dans l’étude des deux premiers ; le troisième, quoique moms important, présente un champ beaucoup plus vaste, par la multitude des parties qu’il renferme, et par les lumières que nous y pouvons acquérir. Car telle est la fatalité attachée à l’esprit humain,