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rants de ses paysages lugubres et de ses images de malédiction.

Deux enfin ont eu son amitié, le chat et le chien, et je vois en chacun d’eux une image diverse de ses rêves : chez le chat « le luxe et la volupté », chez le chien le dévouement aveugle et l’amour des pauvres, deux ordres de sentiments à première vue bien lointains, sinon contradictoires, mais que sa grande âme de poète sut nourrir à la fois.

Sans doute les contemporains immédiats ne virent en Baudelaire que ses deux traits les plus superficiels : dandysme et satanisme. Mais peu à peu la postérité plus perspicace apprend à reconnaître en lui les traits vraiment durables : le tourment de l’impossible et le goût de l’infini. Elle recueille, dans la vasque un peu contournée parfois qu’il a ciselée, les pleurs de cette source de pitié qu’il portait en lui, mystérieusement. Une étude comme celle-ci ne sera pas aussi superficielle qu’il eût semblé tout d’abord si elle a souligné, ne fût-ce qu’indirectement, deux autres traits de sa belle figure, — culte du beau, amour des pauvres — auxquels on revient toujours quand on parle de son génie.



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