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des auteurs dont nous nous sommes occupé déjà, Darwin ne veut point que l’on sache comparer, en songe, les idées présentes avec les notions acquises ; Formey pense qu’on admet sans réflexion toutes les idées qui surgissent ; Boerhaave refuse au dormeur la mémoire, et jusqu’à la conscience de sa propre existence, ce qui est plus fort. Bossuet avait dit : « Dans le sommeil il n’y a point d’attention ; car la veille consiste précisément dans l’attention de l’esprit qui se rend maître de ses pensées [1]. » Dugald-Stewart, enfin, en arrive à refuser à l’esprit de l’homme endormi l’exercice de toutes les facultés dont il jouit pendant la veille. La vérité pourtant est que toutes les facultés continuent d’être exercées pendant le sommeil, ainsi que j’espère le démontrer, et que cet argument de Dugald-Stewart, tiré de l’observation des moyens employés par la nature pour amener le sommeil, ne repose lui-même que sur une équivoque, en ce que l’auteur confond la suspension de l’attention volontaire apportée aux choses du dehors, avec celle de l’attention volontaire apportée aux images du rêve.

Ce qu’il faut pour amener le sommeil, c’est l’oubli du monde réel ambiant, c’est la cessation de tout rapport avec la vie de relation, le retrait de l’

  1. Connaissance de Dieu et de soi-même, chap. III, § 20