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du moins, au fur et à mesure de leur passage, dans de sombres tiroirs. La sténographie elle-même est impuissante à consigner certaines observations qui me frappent instantanément par leur lucidité précise, mais qui demanderaient plusieurs membres de phrases pour être exposées, tandis qu’elles restent à peine une seconde présentes à mon esprit. La main est bientôt brisée de fatigue. Quant à ces pensées insaisissables, je crois qu’elles ont encore ce point de ressemblance avec les images de la lanterne magique de n’être que des reflets et non de nouvelles conceptions.

« Les enchaînements d’idées qui se produisent en ce moment chez moi commencent presque toujours par une notion indécise que j’essaye vainement d’éclaircir. Cette notion indécise me conduit à une seconde impression non moins vague, cette seconde à une troisième, et ainsi de suite, sans qu’aucune d entre elles se présente avec plus de netteté. Je suppose que si je dormais, ces idées incomplètes ne manqueraient point de former précisément quelques-uns de ces rêves monstrueux et indescriptibles, dont les images échappent à toute analyse, comme la logique à tout raisonnement. »

Ayant eu l’occasion de reprendre du hatchich, en me plaçant, cette fois, sous l’influence d’une musique gaie et d’un ensemble de circonstances capables d’imprimer à mes idées une direction plus agréable, j’eus un rêve très-différent de celui dont la relation vient d’être donnée. Quant à l’état de mon esprit durant la journée suivante, il fut exactement ce qu’il avait été une première fois.


FIN.