Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/481

Cette page n’a pas encore été corrigée

Pour expliquer cet entraînement irrésistible qui nous porte à commettre dans certains rêves de fort méchants actes, dont nous comprenons le caractère funeste et répréhensible sans que ce sentiment nous arrête, M. Maury a établi une théorie très subtile au moyen de laquelle « l’homme qui songe et est encore raisonnant, juge, compare, induit, généralise, mais demeure incapable de réflexion ; de telle façon que sa conscience morale devient analogue à ce qu’on peut appeler du même nom chez l’animal [1]. » Pour moi, qui crois que l’esprit peut conserver toutes ses facultés durant le sommeil, je m’explique le même phénomène par des considérations toutes différentes.

En premier lieu, j’estime que dans un grand nombre de rêves de ce genre, et particulièrement dans les rêves supersensuels, l’extrême exaltation de la sensibilité physique ou morale produit, à elle seule, une de ces suppressions momentanées du libre arbitre qui font acquitter par le jury des accusés dont la culpabilité matérielle est pourtant évidente.

En second lieu, revenant à ce principe dont mes observations pratiques m’ont si souvent fourni la confirmation, à savoir qu’il suffit de penser fortement à une chose pour que le rêve en offre

  1. Le sommeil et les rêves, pages 333 et 334.