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cela, les arbres, les plantes, le sable des allées acquirent progressivement une irréprochable netteté. Je fixai surtout mon attention sur un laurier-rose couvert de fleurs qui se détachait près de moi en vive lumière. Combien de temps, me demandai-je alors, serait-il possible de retenir une vision de ce genre ? Quelques secondes seulement fut la réponse que me fit l’expérience. Le laurier-rose que je contemplais si attentivement se mit à pâlir et à maigrir peu à peu ; il s’effaçait par degrés tandis que la lumière générale décroissait sensiblement dans l’ensemble du tableau. Cette fois, c’était le réveil véritable. La silhouette confuse de ce qui tout à l’heure était un jardin plein de soleil parut s’enfuir en s’amoindrissant, comme certaines images fantasmagoriques. Les impressions de la réalité firent invasion dans tout mon être. Le sommeil était dissipé. »

Derniers extraits de mes cahiers, comprenant quelques observations détachées. — J’ai signalé déjà comme très erronée, selon moi, cette opinion assez répandue qu’il suffise souvent pour rêver à quelqu’un ou à quelque chose d’y penser fortement avant de s’endormir. S’il s’agit d’une préoccupation incessante qui nous ait assiégé toute la journée, la même obsession pourra nous poursuivre en songe et s’y manifester ; mais si nous n’avons fait que penser volontairement et momentanément