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Donnons quelques nouveaux exemples d’incohérence superlative. Si puérils qu’ils soient, ils portent leur enseignement dans leur extravagance même, puisqu’ils nous montrent qu’il n’est si stupide imbroglio qui n’ait sa raison d’être dans l’association rationnelle de nos idées, et qui ne puisse par conséquent s’expliquer sans recourir à la facile théorie des vibrations spontanées de notre cerveau.

S’il arrive cent fois pour une qu’on ne parvienne pas à débrouiller les fils enchevêtrés d’une trame désordonnée, le fait de les ressaisir une fois sur cent ne demeure pas moins comme une très forte présomption qui permet de juger du connu à l’inconnu, ou si l’on veut du saisi à l’insaisi.

Je commence par des rêves empruntés aux premiers cahiers de mes notes journalières ; on ne s’étonnera pas s’ils sont passablement enfantins.

« J’avais entendu dire que les joues de la petite fille d’une de nos voisines ressemblaient à des pêches veloutées. Cette comparaison n’était pas neuve, mais c’était la première fois que je l’entendais faire et elle m’avait frappé. Je rêve, la nuit, que j’ai cueilli à l’espalier une énorme pêche qui est l’exact portrait de ma petite voisine. Elle me paraît excellente, et je suis bien persuadé que c’est un fruit véritable ; cependant, je n’ose ni la diviser, ni la mordre : je crains de commettre une