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sentiments bien naturelle puisque c’est mon imagination seule qui la fait parler et agir. Je lui demande comment elle se nomme. « Sylvia », me répond-elle. J’ignore par quelle association ce nom fut amené, mais à peine est-il prononcé que je me trouve dans une forêt touffue, et que la jeune fille elle-même est devenue un petit oiseau bleu de ciel, perché sur mon épaule, non loin de mon oreille et bien près de mes lèvres aussi. »

Le mot Sylvia est la cause de toute cette métamorphose, où l’influence des mots sur la marche des idées n’est point la seule observation à recueillir. Il faut remarquer encore dans ces exemples, comme dans ceux qui vont suivre, deux faits déjà signalés peut-être, mais qu’il n’est point hors de propos de rappeler chaque fois qu’une démonstration nouvelle en est apportée. Savoir :

1° Qu’il n’est point nécessaire que la trame d’un rêve soit logiquement suivie pour qu’elle soit réellement ininterrompue ; en d’autres termes, qu’on peut passer brusquement d’un tableau à un autre très différent par une liaison d’idées étroitement unies, quelque décousues qu’elles puissent sembler ; et, par conséquent, que l’apparente interruption dans les visions qui y composent le rêve ne prouve nullement qu’il ait eu interruption véritable dans leur défilé.