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et dont la substitution s’est effectuée instantanément.

Une statue à laquelle nous rêvons peut devenir une personne vivante, par un même jeu de la mémoire ; ou bien l’homme avec qui nous causons se transforme en statue, si sa pose ou son air nous rappelle quelque marbre dont l’image est demeurée dans nos souvenirs.

Un très beau clair de lune amène facilement, comme transition par similitude d’aspect, l’idée du jour et du soleil.

En parlant des transformations graduées que l’imagination a le pouvoir d’opérer, j’ai cité une fantaisie artistique de Grandville qui a crayonné une série de silhouettes commençant par celle d’une danseuse pour finir par celle d’une bobine. Il semble que ce soit la réminiscence de quelque rêve. J’en trouve un, dans mes cahiers, où l’on reconnaîtra le même enchaînement d’idées-images :

« Je cherchais à me rappeler une chose, à laquelle je venais de penser et que je regrettais d’avoir laissé échapper de ma mémoire. Cette chose était, paraît-il, de forme carrée, du moins cette seule abstraction m’en était demeurée dans l’esprit. Je vis alors défiler devant moi, avec une rapidité extrême, toute une série de petits objets de forme à peu près carrée, tels que presse-papiers, carreaux