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qui les assiègent de leurs apparitions incessantes peuvent sans doute se montrer successivement sous des formes modifiées, mais elles portent toujours dans leur nature, dans leur marche, dans les émotions qu’elles provoquent, un caractère d’identité qui trahit la cause morbide ou l’idée fixe dont elles sont la constante manifestation.

Le rêve offre, en ce cas, les mêmes alternatives de distractions et de rappels à l’actualité dominante qui se succèdent chez nous dans la vie réelle. C’est-à-dire que tantôt le mouvement spontané des idées nous conduit aux préoccupations les plus variées, et tantôt la conscience du mal ou tout au moins la sensation physique que nous ressentons nous ramène à quelque pensée en rapport avec cette sensation éprouvée. L’état de songe offrant d’ailleurs, comme particularité remarquable, la curieuse diversité des interprétations que sait faire successivement l’esprit d’une même sensation déterminée, chaque fois qu’elle est l’objet de son attention. Il accommode alors cette sensation aux images de son rêve, et ce qu’il imagine est aussitôt représenté. Je trouve de ce dernier phénomène un assez singulier exemple dans le journal de mes rêves. On y reconnaît la double influence d’une sensation morbide permanente et d’un narcotique bien connu. Une pièce de bois m’étant tombée sur l’épaule, j’avais usé d’un médicament