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extrême, de telle sorte que, si je venais un jour à la reconnaître, le moindre doute ne pût me rester. Ce fut celle d’un bonnetier, devant laquelle je me figurais être, qui devint le point de mire des yeux de mon esprit ouverts sur ce monde imaginaire. J’y remarquai d’abord, pour enseigne, deux bras croisés, l’un rouge et l’autre blanc, faisant saillie sur la rue, et surmontés en guise de couronne d’un énorme bonnet de coton rayé. Je lus plusieurs fois le nom du marchand afin de le bien retenir ; je remarquai le numéro de la maison, ainsi que la forme ogivale d’une petite porte, ornée à son sommet d’un chiffre enlacé. Puis, je secouai le sommeil par ce violent effort de volonté qu’on peut toujours faire quand on a le sentiment d’être endormi, et, sans laisser le temps de s’effacer à ces impressions si vives, je me hâtai d’en consigner et d’en dessiner tous les détails avec un grand soin. Quelques mois plus tard, je devais avoir l’occasion de visiter Bruxelles, et je n’épargnerais aucune peine pour éclaircir un fait qui, de prime-abord, sans que je m’en pusse défendre, m’inspirait les plus fantastiques suppositions. J’attendis l’époque où ma famille devait se rendre en Belgique avec une indicible impatience. Elle arriva. Je courus à l’église de Sainte-Gudule, qui me parut une vieille connaissance ; mais, quand je cherchai la rue des enseignes multi-