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Voici, du reste, et encore à l’occasion d’un piano, une autre observation d’autant plus probante que l’idée d’y voir une simple coïncidence ne peut même pas venir à l’esprit : « J’étais allé prendre un bain, fatigué d’une nuit passée au bal ; je m’assoupissais doucement dans ma baignoire ; les accords lointains d’un piano tenaient mon attention suspendue, et tout en m’endormant je cherchais à saisir la liaison entre les phrases musicales les plus bruyantes, qui seules, à cause de la distance, arrivaient nettement jusqu’à moi. Le sommeil me gagna bientôt tout à fait, et je rêvai qu’assis près d’un piano, je regardais et j’écoutais jouer une jeune personne de mon voisinage que j’avais vu passer souvent dans la rue avec un rouleau de musique à la main. Aucune note ne m’échappait plus ; aucune nuance de l’exécution n’était perdue. Un léger bruit me tira tout à coup de cet assoupissement très court. Je continuai d’entendre de loin la musique qui avait guidé mon rêve ; mais je ne l’entendis plus que par intervalles et très imparfaitement, ainsi que cela avait eu lieu avant que je m’endormisse. Je me retrouvais donc dans des conditions perceptives évidemment moins favorables que celles qui m’avaient été faites momentanément par le sommeil. Je n’étais plus impressionné que par les ondes sonores assez violentes