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peut-être pas eu d’autre origine qu’un rêve agréable ou désagréable, auquel ces personnes s’étaient trouvées mêlées. Je connais quelqu’un qui devint tout à coup très épris d’une jeune fille qu’il voyait presque chaque jour depuis longtemps sans y faire la moindre attention, et cela uniquement parce qu’elle lui apparut dans un de ces songes passionnés et pleins d’enivrements où l’imagination déploie toutes ses ressources. Quelque vifs que soient chez l’homme éveillé les transports de l’amour, cette passion la plus vive entre toutes, quiconque lui fut soumis avouera, j’en suis persuadé, qu’il a ressenti parfois en rêve des élans d’enthousiasme, des ravissements de tendresse, des épanouissements d’indicibles jouissances, dont le degré correspondant ne se rencontrait pas dans la vie réelle. Aussi ne craindrai-je point de dire que si l’idéal est le maximum de la perception conceptive auquel il nous soit permis d’arriver dans le sentiment du plaisir et du beau, l’état de rêve doit être le plus favorable pour l’imaginer.

Même chez les gens qui ne se souviennent pas de leurs rêves, les associations d’idées qui s’opèrent dans le jour se ressentent bien souvent, j’en suis persuadé, des rêves de la nuit. On voit des enfants dont le caractère peureux et l’inaptitude au travail pourraient bien tenir à ce que leur mémoire a