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mais saurait prévoir encore toutes les conséquences éventuelles de tous les changements de position exécutables de part et d’autre.

Éveillé, le joueur qui m’a raconté son rêve eût été incapable de se représenter mentalement, et par le seul effort de sa pensée, la série complète des combinaisons à parcourir depuis la situation donnée qui formait ce problème à résoudre, jusqu’à la disposition finale entraînant le mat inévitable. Il aurait dû, de toute nécessité, pour bien saisir ces combinaisons successives, faire manœuvrer en réalité sur son échiquier les pièces engagées, et se rendre ainsi compte, de visu, de tous les mouvements opérés.

Endormi, il exécutait aisément ce qui, pour tout autre que l’un de ces joueurs exceptionnels dont nous avons parlé, serait réputé un tour de force. Il y a donc eu chez lui accroissement considérable de la puissance imaginative et calculatrice pendant son sommeil.

La répétition automatique d’une sensation antérieurement perçue (de quelque manière qu’on la comprenne) pourrait bien reproduire aux yeux d’un songeur la disposition d’un échiquier telle qu’il l’aurait vue avant de s’endormir, mais non pas évidemment lui procurer des visions que n’aurait jamais eues sa rétine. Ici, les divers aspects de l’échiquier, formant la série des coups qui ont