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« Je ne saurais définir dans quel monde fantastique, ou pour mieux dire dans quel chaos je me suis cru cette nuit. J’étais emporté rapidement par une force inconnue, à travers des espaces peuplés d’énormes choses auxquelles il m’eût été difficile de donner un nom, et qui couraient dans le vide ainsi que moi. Il semblait que ce fussent de petites planètes, ayant presque la forme d’animaux monstrueux. Je croyais à tout instant que j’allais me briser contre celles qui venaient à ma rencontre, et puis, au lieu de cela, je les pénétrais comme des ombres, sans subir le moindre choc, sans ressentir d’autre impression que celle d’une obscurité momentanée, pendant le temps que j’imaginais passer à l’intérieur de ces étranges bolides. Déjà, je ne m’effrayais plus de leur approche, lorsque j’en aperçus un qui consistait en une agglomération de corps humains, transpercés et enchevêtrés de telle sorte que la tête ou les bras de l’un paraissaient soudés au milieu du dos ou de la poitrine d’un autre, et qu’on ne distinguait pas, dans cette masse de chair, un seul corps tout entier. L’idée que j’allais être jeté là-dedans me fit horreur, et le sentiment de la réalité me revenant sous l’influence de l’émotion que j’éprouvais, je secouai ce vilain rêve si plein de bizarres impossibilités. »

Il faut donc accepter en principe, et cela sur la