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de l’une de ces situations imaginaires précédemment rêvées, dont le souvenir, au moment même du réveil, échappe à tous nos efforts de remémoration ?

Je rêve une nuit que je viens d’assister à une scène de jalousie et de violence à la suite de laquelle un meurtre est commis sous mes yeux. Je m’éveille sous l’influence de la vive émotion que j’en éprouve, et cependant tout cela semble si vite effacé de ma mémoire que je ne trouve rien à consigner dans le journal de mes rêves, si ce n’est le seul fait de la rapidité avec laquelle le souvenir s’en est évanoui. Plusieurs semaines s’écoulent. Je fais alors un second rêve, où je me crois appelé en justice pour témoigner de ce que j’ai vu. Je me rappelle à merveille, dans ce second rêve, et les moindres détails de la querelle, et la figure de la victime, et celle de son meurtrier.

Une autre fois, je crois voyager en wagon avec une famille composée d’un vieux monsieur, de sa femme et de ses deux filles, très remarquables par la grâce de leur tournure et par la piquante originalité de leurs traits. Je m’éveille sans même conserver de leurs visages cette impression vague qu’une rencontre agréable ou fâcheuse laisse toujours un moment dans l’esprit. La nuit suivante, je reprends en quelque sorte mon rêve ; je me crois en Suisse, dans la salle à manger d’un hôtel,