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invariablement déterminée dans les archives de notre esprit ? que l’imagination aurait bien le pouvoir de les en tirer, durant le sommeil, de les mélanger et d’en former les combinaisons les plus capricieuses, mais qu’elle n’aurait point cependant la force de graver ces produits nouveaux sur les tables de la mémoire, et qu’enfin, pour emprunter encore à la photographie une comparaison expressive, les images dues à la vie réelle seraient les seules qui laisseraient sur ces tables une empreinte durable, tandis que les compositions purement imaginaires s’évanouiraient comme une simple réflexion disparaît du miroir de la chambre noire en l’absence des moyens qui la peuvent fixer.

Un artiste de ma connaissance comparait ce qui se passe alors dans la mémoire à ce qui s’opérerait devant nos yeux, si, tandis que nous contemplons quelque store orné de peintures, il venait tout à coup à s’enrouler. Pour moi, je me suis demandé s’il n’arriverait point qu’au moment où se brise la trame légère de ces combinaisons capricieuses, chacune des idées dont elle était formée irait, avec la rapidité du store qui s’enroule, reprendre sa place originairement et définitivement acquise dans les casiers de nos souvenirs. Il resterait néanmoins ce problème à résoudre : pourquoi, d’un songe à un autre, nous rappelons-nous parfois avec une lucidité parfaite toutes les particularités