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plus tard dans d’autres rêves, comme s’il s’agissait du souvenir d’une chose véritable. On s’en souvient alors très bien d’un rêve à l’autre, tandis que l’impression distincte de ce genre de songes est précisément de celles qui s’effacent le plus rapidement au réveil.

Singulières alternatives de remémoration étincelante ou d’insurmontable oubli !

Chacun de ceux qui liront ces pages a certainement éprouvé encore ce que je vais essayer de lui rappeler :

On s’endort, ou du moins on s’assoupit, en roulant dans son esprit un certain ensemble d’idées qui se lient les unes aux autres, formant quelque raisonnement, quelque conjecture, ou quelque château en Espagne. Un petit bruit nous réveille. Il n’y a qu’une seconde que cet ensemble de rêveries était présent dans tous ses détails à notre pensée, et déjà nous n’en pouvons plus ressaisir le fil ; souvent nous avons oublié jusqu’à l’idée principale. Nous sentons qu’un nouvel assoupissement pourrait peut-être nous rejeter dans le même ordre d’idées, mais que tout effort pour le retrouver, à l’état de veille, demeurerait impuissant. Serait-ce que les souvenirs réellement acquis, c’est-à-dire acquis par suite de sensations (physiques ou morales) réellement perçues, occuperaient dès lors leur case spéciale, et garderaient une physionomie