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Que l’on rapproche cet exemple de celui qui est rapporté plus haut, on reconnaîtra qu’il est de la même famille, et il servira comme lui à prouver que la puissance de la mémoire, surtout de cette mémoire que les Anglais ont appelée fancy, est infiniment plus grande à l’état de rêve qu’à l’état de veille.

Les arcanes de notre mémoire sont comme d’immenses souterrains où la lumière de l’esprit ne pénètre jamais mieux que lorsqu’elle a cessé de briller au-dehors. Que l’on ne s’étonne donc pas si l’on revoit en songe, avec une lucidité merveilleuse, des personnes mortes ou absentes depuis très longtemps, si l’on retrouve dans leurs moindres détails des lieux qu’on visita, des airs qu’on entendit, ou même des pages entières que l’on a lues plusieurs années auparavant.

Un de mes amis, excellent musicien, m’a rapporté qu’ayant cru entendre, en rêve, un morceau remarquable exécuté par une troupe de chanteurs ambulants, et se l’étant rappelé à son réveil sans conserver d’ailleurs aucun souvenir de l’avoir encore jamais lu ni entendu, il avait pris soin de le noter aussitôt, persuadé que lui-même en avait eu l’inspiration durant son sommeil. Quel fut donc