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front, je dois dire que je ne pus jamais en conduire l’épreuve à bonne fin. Une fois, que je parvins, en rêve, à tenir un rasoir à la main, l’horreur instinctive de ce que je voulais simuler se trouva plus forte que ma volonté réfléchie. À l’égard des pistolets, il eût fallu que quelque vision s’en offrît d’abord spontanément aux yeux de mon esprit. En ce cas, j’aurais sans doute réalisé l’expérience projetée. Mais la nécessité de chercher ces armes, dans mon rêve, et de les préparer, entraînait trop d’idées accessoires pour que, subissant l’influence de cette mobilité imagée particulière aux songes, l’idée première ne fût pas constamment détournée de son cours avant d’être mise à exécution. Au moment de prendre mes pistolets, par exemple, j’arrêtais mon attention sur le petit paquet de clefs parmi lesquelles se trouve celle de leur boîte. J’apercevais, par la même occasion, celle d’un tiroir où je me souvenais que j’avais renfermé quelques photographies. L’une d’elles me revenait en mémoire, se peignait à mes regards, captivait mes pensées, et déjà mon esprit ne songeait plus du tout aux pistolets.

J’ai parlé, dans le chapitre précédent, d’une application particulière de l’attention, en songe, comme moyen de prolonger le sommeil et d’augmenter son intensité [1]. Dans les conditions de rêve

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