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façon que l’imagination se tirât de cette impasse, une brusque interruption de la trame du rêve en devrait nécessairement résulter. Sauter par la fenêtre d’un cinquième étage, me brûler la cervelle, ou me couper la gorge avec un rasoir, évidemment voilà des impressions que je n’avais jamais ressenties ; les provoquer, en songe, serait donc soumettre mon esprit à une intéressante épreuve. Je résolus de ne point laisser échapper la première occasion qui s’en présenterait, c’est-à-dire le premier rêve lucide au milieu duquel je posséderais bien le sentiment de ma situation. J’attendis près d’un mois ; il faut avoir de la persévérance.

[Rêve de chute volontaire dans le vide] Une nuit enfin que je rêvais me promener dans la rue, que toutes les images de mon rêve étaient bien nettes et que je sentais parfaitement néanmoins que je n’étais pas éveillé, je me souvins tout à coup de l’expérience à faire, je montai aussitôt jusqu’à l’étage supérieur d’une maison qui me paraissait très haute ; je vis une fenêtre ouverte, et le pavé à une grande profondeur ; j’admirai un instant la perfection de cette illusion du sommeil, et, sans attendre qu’elle s’altérât, je me précipitai dans le vide, plein d’une anxieuse curiosité. Or, voici ce qui arriva et ce dont je ne me rendis compte, naturellement, qu’après que je me fus éveillé. Perdant instantanément le souvenir de tout ce qui précède, je me crus sur le parvis d’une cathédrale, mêlé à