Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/291

Cette page n’a pas encore été corrigée

volonté et de l’attention. Une nuit que je me sentais, en dormant, la pleine connaissance de mon état véritable, et que je regardais passer avec assez d’indifférence toute la fantasmagorie, d’ailleurs très nette, de mon sommeil, l’idée me vint d’en profiter pour faire quelques expériences sur le pouvoir que j’aurais ou non d’évoquer certaines images, par la seule initiative de ma volonté. En cherchant sur quel sujet je pourrais fixer à cet effet ma pensée, je me rappelai ces apparitions monstrueuses qui m’avaient si vivement impressionné jadis, à cause de l’effroi qu’elles m’inspiraient. J’essayai de les évoquer, en les recherchant bien dans ma mémoire et en souhaitant de les revoir, aussi fortement qu’il m’était possible de le faire. Cette première tentative n’eut aucun succès. Devant moi se déroulait en ce moment le tableau tout pastoral d’une campagne dorée par un beau soleil, au milieu de laquelle j’apercevais des moissonneurs et des charrettes chargées de blé. Pas le moindre spectre ne se rendait à mon appel, et l’association des idées-images qui formaient mon rêve ne paraissait nullement vouloir sortir de la voie si calme qu’elle avait prise naturellement. Alors, et tout en rêvant, je fis les réflexions que voici : un rêve étant comme un reflet de la vie réelle, les événements qui nous semblent s’y accomplir suivent généralement,