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rôle jouent les fibres cérébrales dans ces réactions successives. Je répéterai seulement que de même que l’engourdissement du corps porte l’esprit à s’isoler, de même l’isolement de l’esprit amène l’engourdissement du corps, et sans craindre d’empiéter ici sur le chapitre suivant, où il sera spécialement traité de l’attention en rêve, je citerai à l’appui de cette opinion une expérience des plus probantes, que chacun pourra répéter dès qu’une certaine pratique lui aura donné l’habitude de s’observer parfois en rêvant [1]. Vous rêvez, je suppose, que vous êtes dans un jardin ; vous avez conscience de votre rêve, et vous admirez avec quelle netteté comme avec quelle vivacité de couleurs le miroir magique de votre mémoire reproduit tous ces arbres, ces fleurs, ces plantes qui semblent vous entourer. Si rien n’altère la pureté de ces illusions, le rêve se poursuit, se modifie au gré de l’association des idées, et le bois disparaît pour faire place à quelque autre tableau

  1. Sur quatorze personnes avec qui je me suis entretenu de la possibilité de s’observer soi-même en rêvant, et qui ont bien voulu essayer de suivre mes avis à ce sujet, deux m’ont déclaré tout d’abord qu’il leur était arrivé déjà quelquefois de s’apercevoir en rêve, qu’elles rêvaient ; neuf sont parvenues très-vite au même résultat ; deux ont mis trop peu de persévérance dans leurs tentatives pour que l’on en puisse tirer aucune conséquence sérieuse ; une seule m’a déclaré n’avoir pu vraiment y parvenir.