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de la vérité. Cette distance, occupée par des phénomènes intermédiaires très considérables, est immense. Les plus extraordinaires, les plus sublimes spectacles offerts au rêveur ne valent pas un seul regard du visionnaire heureux qui atteint la réalité à travers les abîmes du temps et de l’espace, dans les ténèbres de la nuit sombre et de l’ignorance profonde. Mais il faut savoir si ce regard est bien sûr, si la réalité qu’il a atteinte n’est pas un mensonge, si, en un mot, la vérité n’est pas illusion. Là est la difficulté.

« Quant à cette même clairvoyance dont tant d’exemples sont racontés tous les jours, elle m’intéresse peu, je l’avoue, parce qu’aucun des malheurs que nous redoutons le plus et qui nous accablent n’est par elle prévu ni prévenu, parce que par elle nulle infortune n’est soulagée, aucun bien apporté, aucun problème résolu. L’authenticité manque à ses succès. Permettez-moi donc de ne pas toucher à des problèmes insolubles à propos de prophètes inutiles et de pythonisses stériles. Je ne pardonnerai point aux somnambules dits magnétiques, clairvoyants ou lucides, de n’avoir jamais prévu ni découvert rien d’important, pas plus pour les individus que pour les peuples, et surtout d’avoir pâli devant la concurrence des tables tournantes. Ils ont prodigué de grands prodiges que l’on conteste dans de petites