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noble composition et d’une admirable exécution, ou toute autre œuvre d’art que vous voudrez, c’est notre esprit qui les crée en les voyant, ou qui les voit en les créant. Étonnante simultanéité de la conception, de la composition, du regard et de la jouissance ! Que d’innombrables détails choisis et disposés avec une exquise convenance sont mis en scène et concourent à l’effet d’un merveilleux ensemble, comme si le génie, aidé de longues études et de profondes réflexions, y avait présidé ! J’appelle votre attention sur cette spontanéité de l’esprit, pour laquelle le temps ni l’effort n’existent point, et qui improvise un chef-d’œuvre comme un nuage orageux improvise un éclair.

« Cette simultanéité d’actions diverses se concilie peu, il faut le dire, avec la passivité absolue de l’âme dans les rêves ; car il faudrait croire que le cerveau fait mieux et plus vite sa besogne quand l’esprit ne s’en mêle point. En tout cas, elle laisse bien loin derrière elle le vulgaire somnambulisme qui consiste à faire bêtement, les uns après les autres, des choses d’un ordre peu élevé et cent fois répétées.

« Entre le rêve où l’imagination déploie toutes ses magnificences et le rêve où une vision clairvoyante et prophétique prodigue des révélations, il y a encore toute la distance qui sépare les illusions