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des dernières préoccupations de l’esprit ». Mes observations pratiques m’ont prouvé maintes fois le contraire [1].

Après avoir ainsi traité des hallucinations qui se présentent dans le premier assoupissement, M. Maury abordant l’étude du sommeil plus profond n’hésite pas à déclarer que, pour être complet, ce sommeil doit être vide de tout rêve. Une solidarité parfaite existe, à ses yeux, entre l’engourdissement total ou partiel du cerveau durant le sommeil, phénomène physiologique qu’il ne met pas en doute, et la suspension plus ou moins complète des facultés de l’esprit [2]. Comme Gall et Spurzheim,

  1. Ne pas faire de confusion entre cette prétendue réper-cussion spontanée et ce qui se produit quand une sensation réelle vient à réveiller une idée, en évoquant par suite son image solitaire. C’est ce qui arrive à M. Maury quand il a un élancement dans le pied, et qu’il voit apparaître aussitôt un pied dans son rêve. C’est ce qui arrive dans les rêves génésiques, alors qu’une surexcitation ou qu’une pléthore des organes entretiennent des rêves lascifs, en répétant sans cesse des sensations physiques qui appellent des images en rapport avec les souvenirs qu’elles évoquent.
  2. « On a trop appuyé, pour le sommeil, sur la distinction de l’âme et du corps. Les deux mécanismes agissent de concert et gardent leurs relations réciproques » (p. 22).
    « Plus l’engourdissement moral domine, plus le rêve est vague, fugace, plus certains organes ont été éveillés dans le sommeil, plus le rêve laisse, au contraire, sa trace dans notre esprit.
    « Ajoutons que certaines parties du cerveau peuvent demeurer éveillées, et même être susceptibles d’un haut degré de surexcitation, tandis que d’autres restent engourdies ; l’affaiblissement dont est atteinte une faculté et nécessairement l’organe encéphalique qui y préside pouvant varier d’ailleurs pendant la durée du sommeil » (p. 36 à 37).
    « Le rêve, en un mot, tient à ce que certaines parties de l’encéphale et des appareils sensoriaux restent éveillés, par suite d’une surexcitation qui s’oppose à l’engourdissement complet » (p. 53).
    « Nul doute que selon la partie du cerveau ou du système nerveux qui est attaquée, selon le genre de lésion des organes de la vie intelligente (dans l’aliénation mentale), telle ou telle passion ne puisse être plus ou moins surexcitée ou affaiblie » (p. 145).