Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/189

Cette page n’a pas encore été corrigée

se puisse remémorer le parfum d’une fleur ou la saveur d’un mets.

Une autre observation, qui découle de celle-ci, semblerait d’ailleurs de nature à la confirmer : c’est que l’imagination qui compose des formes et des airs ne saurait mentalement, de la même façon, inventer une saveur ni une senteur [1]. Les créations de l’imagination n’étant, à proprement parler, que des combinaisons nouvelles formées par elle avec des matériaux tirés des magasins de la mémoire, la cause de son impuissance pourrait procéder dans ce cas de l’impuissance même où serait la mémoire de fournir, à sa sollicitation, les premiers éléments de composition.

Je dis à sa sollicitation, pour n’appliquer cette remarque qu’au fait de la réminiscence volontaire, car si rares qu’elles puissent être, il est incontestable que nous avons parfois en rêve des réminiscences spontanées du goût et de l’odorat de la plus exquise finesse.

Poursuivons nos observations à l’égard des

  1. Il ne faudrait pas objecter qu’un cuisinier ou un parfumeur peuvent inventer des sauces et des bouquets. Le fait est très-différent. Ceux qui composent ainsi ne goûtent pas et ne dégustent pas à l’avance, par la pensée, ces mélanges qui ne sont que le produit d’un raisonnement. Autre chose est imaginer une cause de sensation, autre chose est s’en imaginer mentalement le résultat, c’est-à-dire la sensation elle-même.