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est des clichés si nettement venus grâce à tout un concours de circonstances, qu’ils donneront toujours de belles épreuves, saillantes, vigoureuses, précises dans leurs moindres détails. D’autres, formés sous des influences moins heureuses, ne fourniront jamais que des contours vagues et des images confuses, malgré tous les efforts tentés pour en tirer parti.

Nous avons de même des souvenirs si bien gravés dans la mémoire, grâce aux conditions physiques et morales au milieu desquelles ils ont pris naissance, que s’ils viennent à être évoqués en songe, les scènes et les tableaux qu’ils reproduisent ont vraiment toute l’apparence de la réalité ; tandis que certains autres demeurés incomplets et incolores, n’offrent jamais de pâles silhouettes dans la fantasmagorie du sommeil. Quelque large part que je me sente disposé à faire aux illusions du rêve, je ne saurais donc aller jusqu’à dire, avec M. Lemoine, que « l’incohérence des images est pour nous le seul signe qui les distingue de la vie réelle ».

Une autre différence très notable existe entre le rêve et la réalité, c’est que, dans l’état de veille, les objets réels qui nous entourent agissant réellement et tous ensemble sur les organes de nos sens, les images et les impressions variées qui résultent pour nous de ces sensations complexes