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je vois un fantôme qui n’est pas devant moi ; j’entends des paroles qu’aucune bouche ne prononce ; je suis le jouet d’une hallucination. Ma main pourrait sans doute se promener dans l’espace, me convaincre que cette image n’a point d’objet ; mais la maladie m’en a enlevé l’usage, la terreur me glace et m’interdit le moindre mouvement ou bien l’organe déréglé redouble les sensations, accumule les images, m’étourdit par la rapidité de leur succession ou les représente, toujours les mêmes, avec une telle clarté, avec une telle obstination que le tableau fantastique efface l’image de la réalité. Je ne puis douter de l’existence d’un objet dont l’image est si vive et si persistante, j’affirme qu’il existe ; bien plus, l’erreur se propage, je l’entends, je le touche, ma raison n’est plus ; la fièvre, l’ivresse, la folie m’en ont ravi l’usage. » Je l’entends, je le touche (l’erreur s’est propagée) ; voilà une façon commode de dénouer le nœud gordien. Tout à l’heure, la terreur ou la maladie empêchait ma main de se promener dans l’espace pour reconnaître l’erreur ; maintenant je touche, à ce qu’il paraît, le fantôme, je l’entends aussi me parler. Et pourquoi ? et comment, s’il vous plaît ? La raison n’est plus là, dites-vous. Il est clair que la raison fait toujours défaut en ces sortes de phénomènes ; mais j’avoue que l’aveu de ce résultat ne m’explique