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même idée qu’il aurait produites, s’il eût pris naissance à la dernière extrémité du rayon nerveux ; bien plus, abusés par cette sensation, nous la rapportons à un objet extérieur qui ne l’a pas fait naître, mais qui plus d’une fois l’a produite telle que nous l’éprouvons. »

D’où il suit que :

« Le rêve, dans toute sa simplicité, dans toute sa pureté, sera l’hallucination [1] produite par le sommeil, c’est-à-dire ce mouvement intestin, né dans les profondeurs du cerveau ou peut-être sur un point quelconque du trajet des nerfs de la sensibilité, qui éveille dans notre âme une sensation ou une image que n’a pas produite l’objet extérieur qu’elle représente ou qu’elle rappelle, et que notre esprit abusé rapporte cependant à cet objet fantastique comme à sa cause véritable. » (Page 97.)« Le point de départ de tous nos rêves n’est

  1. M. Lemoine veut établir une distinction entre les mots illusion et hallucination. « L’illusion, dit-il, a lieu lorsque notre esprit apprécie une sensation produite par un objet extérieur ; l’hallucination, lorsqu’il rapporte à un objet extérieur (qui n’existe pas) une sensation produite par un ébranlement organique interne. »
    D’après ce système il me semble qu’on ne pourrait guère avoir, en songe, antre chose que des hallucinations.
    J’userai, pour ma part, indifféremment de ces deux expressions ; et, de même que pour les mots rêve et songe j’adopterai purement et simplement la synonymie que le dictionnaire de l’Académie leur attribue.