Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/162

Cette page n’a pas encore été corrigée

« C’est une méprise singulière que de croire, parce que ma pensée se trouble, ma sensibilité s’émousse, mon activité se ralentit, que c’est mon esprit qui se fatigue, que c’est lui qui a besoin de sommeil. Cela me rappelle le mot d’un enfant qui, voyant les chevaux d’un attelage couverts d’écume après un long voyage, disait que le cocher devait être bien fatigué de les avoir fouettés si longtemps. Le corps qui meurt et dépense sans cesse se fatigue et a besoin de repos ; le sommeil est fait pour lui ; le sommeil est tout organique. L’âme qui ne se meurt pas, qui ne perd rien, qui ne meurt pas, ne se fatigue pas à la manière du corps. La fatigue du corps la fait souffrir ; elle repose le corps pour cesser sa souffrance ; elle quelquefois dans l’action difficile son courage, non sa force, elle le retrouve dans l’oubli que le sommeil des organes lui procure....... Elle jouit par occasion du sommeil du corps, mais ce sommeil n’est pas le sien. Si Dieu, dans sa sagesse, a vu ce bien de l’âme dans le repos des organes, ce n’est pas cependant en vue de l’âme qu’il a donné cette loi au corps ; mais tout est si harmonieux et si sage dans les œuvres de Dieu que les choses et les êtres mêmes, en vue directe desquels les phénomènes ne s’accomplissent pas, en profitent cependant comme d’une occasion favorable que Dieu semble avoir faite pour eux seuls