Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/160

Cette page n’a pas encore été corrigée

qu’aux illusions de la vue, puisque la vue est le seul de nos sens sur lequel les images de la lanterne magique fassent impression ; mais il est bien entendu que ma remarque doit s’étendre à toutes les illusions sensorielles du rêve ; soit qu’on imagine toucher ou entendre, soit qu’on croie sentir ou goûter. Je n’hésiterai pas à déclarer que s’il s’agit d’idées purement morales ou métaphysiques, qui ne sauraient entraîner aucune image ou perception sensorielles, il n’existera véritablement point de différence dans la forme de l’activité de l’esprit durant le sommeil ou durant la veille, en un mot, entre la pensée de l’homme éveillé et la pensée de l’homme endormi [1].

Je disais tout à l’heure que l’on ne s’endort pas comme on se réveille ; que le sommeil arrive toujours graduellement. M. Lemoine cite à ce sujet l’opinion matérialiste du docteur Bertrand, qui veut que l’intelligence de l’homme qui s’endort s’appesantisse et s’engourdisse enfin complètement avec le corps. Tout en persistant à garder une certaine neutralité sur ce point capital, de savoir s’il

  1. Il faudra seulement remarquer que, de même que nous ne pensons jamais à quelque chose, dans l’état de veille, sans qu’il existe un milieu réel où nous soyons momentanément placés, de même nous n’aurons jamais en rêve une pensée, si abstraite qu’elle soit, sans croire en même temps noire Individualité entourée d’objets quelconques, formant nécessairement un fond de tableau.