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moment où la pensée perd son caractère de veille pour devenir rêve ; mais cet état transitoire ne constitue pas plus un état particulier de l’esprit que le crépuscule ne constitue un caractère particulier de la lumière, ni que le moment où les images de la lanterne magique ne sont pas encore bien nettes (parce qu’on n’a pas encore fermé complètement les volets) ne constitue un phénomène particulier d’optique. C’est la transition d’un état à un autre, mais ce n’est point un état sui generis.Voyez du reste ce qui se passe au réveil :

Je rêve que je suis aux Tuileries et que je regarde en passant quelque statue dont ma mémoire a particulièrement conservé le souvenir. L’image de cette statue et celle des arbres qui l’ombragent m’apparaissent véritablement avec toutes les illusions de la forme et de la couleur. Je me réveille. Le rêve que je faisais est encore très présent à mon esprit, mais j’ai les yeux frappés maintenant par les objets du monde réel qui m’entoure. Leur image s’est substituée à celle de la statue que je contemplais tout à l’heure, comme le tableau de la décoration et de l’ameublement d’une salle se substitue à celui des images de la lanterne magique, si l’on vient à ouvrir subitement les volets ; je pense à la statue, je n’y rêve plus. Encore une fois voilà la différence entre rêver et penser.

Cette comparaison ne se rapporte, il est vrai,