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seule.« M. Lemoine néglige de nous dire quelle autre forme peut revêtir l’activité de notre esprit durant le sommeil. Il continue : « Rarement même le rêve est sans aucun mélange de pensées et de sensations d’une autre espèce ; jamais il ne remplit à lui seul toute la durée de notre sommeil, à moins que l’on n’appelle songe toute espèce de sentiments et de pensées, toutes les manifestations de l’activité de notre esprit, tous les phénomènes enfin dont la suite constitue l’état et l’histoire de l’âme durant le sommeil. »

Pour moi, j’estime en effet que toute pensée de l’homme endormi est un rêve plus ou moins lucide, et que c’est précisément cette forme de la pensée, ou du moins cette forme qu’elle revêt pendant le sommeil, qui constitue, au point de vue psychologique, la différence entre le songe et la veille. Un homme s’endort ; tant qu’il est encore éveillé, sa pensée ne prend ni corps, ni couleur, le monde ambiant l’en empêche ; à mesure que le sommeil gagne, sa pensée se colore et prend corps ; c’est là le rêve, et le rêve est la forme de la pensée durant le sommeil. Quant à cette troisième forme de la pensée, dont semble parler M. Lemoine, je suis persuadé qu’il lui serait très malaisé de la définir. Il est très vrai qu’on ne s’endort pas comme on se réveille, c’est-à-dire brusquement et sans transition, de sorte qu’on ne saurait préciser au juste le