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que le sommeil existe, puisque le corps ni l’âme ne veulent s’en charger, et que physiologiste et psychologue se renvoient alternativement les difficultés. »

La conclusion de M. Pierre Leroux et l’expression de son sentiment personnel, c’est que « l’être qui est en nous n’est ni pensée ni matière ; en d’autres termes, que les idées que nous nous faisons de pensée et de matière, comme si la pensée et la matière existaient quelque part telles que nous les concevons, ne sont que chimères et qu’illusions ; qu’il n’y a nulle part ni pensée pure, ni matière pure. »

On voit que pour tenir le milieu entre les psychologues et les physiologistes, le philosophe socialiste se jette lui-même, en niant l’existence isolée de la pensée, dans un matérialisme qu’on pourrait appeler très pur. Notre tâche n’étant point de porter la discussion sur ce terrain, bornons-nous à constater ici qu’aux yeux de M. Pierre Leroux « le sommeil n’est ni une intermittence de l’âme, ni une intermittence du corps ; mais, au contraire, un travail en commun de l’âme et du corps, comme la veille, c’est-à-dire un état où ce qu’on nomme la vie de relation se continue sous une forme différente de la forme que cette vie affecte pendant la veille, tandis que ce qu’on nomme la vie organique se continue également sous une