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exemple, et cette remarque amène tout naturellement sous ma plume une réflexion qui plus d’une fois s’est présentée à mon esprit :

N’existerait-il pas entre les lois qui régissent nos facultés physiques et celles auxquelles nos facultés intellectuelles sont soumises, une analogie régulière, bien digne d’appeler l’attention ?

De même qu’il y a, durant le sommeil, redoublement d’activité des forces vitales, internes et passives du corps humain, favorisé par la suspension des forces expansives d’action, le même redoublement de puissance et d’intensité se développe dans ce que j’appellerais volontiers les forces passives intellectuelles, telles que la mémoire, et l’imagination abandonnée à elle-même, tandis que, sensiblement affaiblies, l’attention et la volonté, ces forces expansives de l’âme, ne peuvent plus s’exercer sans effort [1].

Les fonctions passives de la vie matérielle s’accomplissent avec d’autant plus de puissance et de régularité durant le sommeil que nous n’exerçons plus aucune action sur elles, et, dans le même temps, l’imagination et la mémoire semblent d’autant

  1. Je repousse l'opinion des physiologistes qui veulent que l'exercice de l'attention et de la volonté soit totalement sus-pendu dans nos rêves; mais je ne vais point jusqu'à dire que ces facultés conservent habituellement toute leur énergie pendant le sommeil.