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campagnes aussi bien que vous-même, et nous savons que Boulanger a remplacé dans les chaumières le Petit Caporal. Pour les uns, il n’est que l’héritier de Bonaparte ; pour les autres, il personnifie la Revanche.

Le général Boulanger a-t-il les capacités requises pour le gouvernement d’une grande nation, pendant longtemps la première du monde ? A-t-il assez de génie pour conduire ses armées à la victoire ? L’avenir se chargera peut-être de répondre ; mais, franchement, il n’à point encore assez fait pour justifier l’enthousiasme populaire que son nom soulève. Il est possible d’ailleurs que cette popularité s’évanouisse aussi vite qu’elle s’est créée ; mais, après Boulanger un autre, et ainsi de suite !

La revanche, soit ! faites-nous la guerre ; mais au moins, cette fois, soyez prêts. N’oubliez pas que notre grand Bismarck a dit :

« Je me suis trompé, je l’avoue franchement :

« J’ai prisé trop haut l’armée de la France et trop bas ses finances. Si la France nous déclarait maintenant la guerre, ce serait un grand malheur, mais l’Allemagne saurait faire son devoir ; la guerre de 1870, en comparaison de la prochaine, n’aurait été qu’un jeu d’enfant. »

Je ne pus m’empêcher d’interrompre mon interlocuteur et de lui dire que, quel que fût notre désir de vivre en paix avec nos voisins, l’Alsace et la Lorraine