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cette opinion. Or, j’ai lu beaucoup de journaux ! Aussi n’ai-je pas été peu surpris, lorsque j’ai entendu parler de Bazaine, avec respect ; lorsque je l’ai entendu apprécier comme un digne et loyal soldat, comme un bon père, qui n’a pas maintenant tous les jours sur sa table le pain nécessaire à ses enfants ; enfin, comme une victime de toutes sortes d’intrigues politiques.

Devant de telles appréciations, si contraires à tout ce que j’avais cru jusqu’alors, je me suis promis, ne m’en rapportant plus aux jugements établis, aux opinions toutes faites, de réviser, jusqu’à un certain point, dès mon retour en France, le procès Bazaine, de rechercher ses véritables causes, et les intérêts politiques et privés qui auraient pu dicter la sentence.

A quelque temps de là, je me trouvais à Wurtzbourg avec un des premiers médecins de l’Allemagne, ancien camarade d’études à l’Université d’Heidelberg, Korpsbrüder ; nous avions bu ensemble, Brüderschaft, et chanté le « Gaudeamus igitur juvenes », nous jurant amitié éternelle, amitié à laquelle la guerre de 1870-71 devait, bien malgré nous, porter atteinte.

Après avoir parlé de la France et de l’Allemagne, la conversation tomba sur Bazaine.

Je rapporte ici, aussi fidèlement que ma mémoire me le permet, les appréciations d’un Allemand appartenant à l’aristocratie de l’intelligence, bon patriote et honnête homme. L’opinion d’un ennemi est