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Nous savons maintenant quelles furent les raisons qui déterminèrent l’évasion de Bazaine ; mais je dois constater néanmoins que, malgré l’injustice flagrante de sa condamnation, malgré le déshonneur dont le frappait sa commutation de peine, malgré l’inflexibilité avec laquelle le Président de la République avait accueilli la maréchale, — Bazaine, en s’évadant, commit une grande faute.

Il n’est pas douteux que, s’il fût resté à Sainte-Marguerite ou dans une forteresse quelconque, — après tous les événements politiques qui se sont passés depuis treize ans, l’opinion publique, mieux éclairée, jugeant les faits avec plus d’impartialité, n’eût imposé la révision de ce procès, qui fut une honte pour la France. La justification de Bazaine pouvait en ressortir d’autant plus éclatante, qu’on eût mis en lumière les intérêts qui avaient contribué à égarer les honnêtes gens, lesquels sont, grâce à Dieu, en majorité en France.

En s’évadant, Bazaine a rompu le dernier lien qui le rattachait à la patrie.

Qu’a-t-il gagné ? Sans aucune fortune personnelle, végétant misérablement en Espagne, il n’a même pas, pour l’aider à faire face aux difficultés de la vie matérielle, une pension militaire, une retraite quelconque, représentant la récompense de ses quarante-deux années de glorieux services.

Si le cœur de la maréchale avait été à la hauteur de