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La maréchale souffrait dans son amour-propre, dans son cœur, dans son ambition déçue, de voir que le héros auquel elle avait lié sa vie, après l’avoir placée au-dessus de tant d’autres femmes, la condamnait au rôle humiliant et sacrifié de compagne d’un prisonnier. Aussi était-elle décidée à contraindre son mari à s’évader, coûte que coûte, se réservant de le faire encore nommer chef d’emploi sur quelque grand théâtre politique européen.

Il y avait eu à Sainte-Marguerite des scènes douloureuses. La maréchale voulait la fuite ; son mari s’y opposait ; mais, comme il est connu qu’en ce monde, ce que femme veut Dieu le veut, — après une nouvelle lutte plus pénible encore que les précédentes, et au cours de laquelle la maréchale avait menacé son mari de l’abandonner et d’emmener ses enfants,— Bazaine, vaincu, capitula, cette fois sans avoir les honneurs de la guerre.

Avant d’aller plus loin, je dois consigner que quelques jours après l’évasion, la maréchale, qui était en rapport avec le parti carliste, déclara à Bazaine qu’il ne dépendait que de lui d’être général en chef des troupes de don Carlos.

Mais, cette fois, le maréchal fut inflexible. Il avait, disait-il, servi la reine Isabelle, alors mineure, pendant cinq ans ; il lui avait voué des sentiments d’affectueuse et respectueuse reconnaissance. Rien ne pourrait le décider à la combattre.