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— Je ne l’ai pas pu, — fut toute la réponse de M. Gambetta.

— Mais que vouliez-vous, qu’attendiez-vous de cette armée qui mourait de faim ?

— J’aurais voulu qu’elle ne quittât le sol de la patrie que jonché de cadavres !

M. Gambetta oubliait que ce sol n’était qu’un vaste charnier.

On savait quelques mois plus tard que l’armée du Rhin avait eu 42 462 tués ou blessés, dont 26 généraux et plus de 2 000 officiers ! Oh ! quel parti un autre patriote que M. Gambetta aurait pu tirer de cette douloureuse capitulation de Metz, des grandes batailles livrées par cette armée du Rhin, vaincue par la famine, mais ayant contraint l’ennemi à immobiliser autour d’elle de grandes armées pendant plus de deux mois, temps suffisant pour permettre à la France de se lever en armes !

La proclamation du 30 octobre était suivie immédiatement de la dépêche suivante, adressée aux préfets et procureurs généraux :

Tours, 30 octobre 1870.

Redoublez de vigilance. Partout où vous rencontrerez Bazaine ou un officier de son état-major, faites-le arrêter et diriger immédiatement sur Tours sous bonne escorte.

LÉON GAMBETTA.


C’était aussi ridicule qu’impuissant, puisque le maréchal et son état-major étaient prisonniers en Allemagne, —