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l’opinion égarée par ces mensonges ; mais bien peu l’osent. Il semble que ces mensonges sont une condition de vie pour la troisième République.

On en a fait une légende. Elle est stupide et infâme, et bien que le peuple aime les légendes, celle-ci serait restée dans la boue si trois délégués du gouvernement de la Défense Nationale à Tours, MM. Crémieux, Glais-Bizoin et Gambetta, — ou plutôt M. Gambetta seul, dominant ses collègues, deux vieillards, — n’avait pas cru avoir besoin pour sa politique de l’y ramasser pour la souffler sur tous les horizons de la France.

C’est là, Monsieur, un des épisodes les plus douloureux de mon voyage à Tours en 1870. J’en ai fait en partie le récit dans une déposition que, quoique frère du maréchal, je fus autorisé à faire devant le Conseil de guerre de Trianon. Mais je puis aujourd’hui le reprendre et le compléter.

C’est un point d’histoire qui a été plutôt effleuré qu’approfondi. Je ne redoute pas les démentis. Les rectifications qu’on pourrait trouver à faire à mon récit seraient insignifiantes.

A mon arrivée à Tours, en octobre 1870, je trouvai la maréchale, ma belle-sœur, résolue à se rendre à Versailles afin d’y supplier le roi de Prusse de lui permettre d’aller à Metz auprès de son mari. Je m’associai naturellement et de grand cœur à ce dessein, et je devais accompagner la maréchale aussi loin qu’on me le permettrait. C’était à l’instigation de