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…Jules Favre allégua les soucis du gouvernement, les amertumes de la défaite, et le chancelier, revenant à l’objet de l’entretien, exprima l’idée que le ministre venait bien tard, et annonça qu’il était sur le point de traiter avec un envoyé de Napoléon III.

La scène se passait dans un petit salon, au premier étage de la maison, et M. de Bismarck désignait à son interlocuteur une porte derrière laquelle était censé attendre l’ambassadeur de l’Empereur.

Il expliqua que rien ne lui serait plus facile que de ramener ce souverain détrôné et de l’imposer à la France ; que Napoléon III trouverait bien, parmi les prisonniers français détenus en Allemagne, une armée de cent mille hommes tout à fait dévoués, qui lui suffirait pour se maintenir le jour où les Allemands se retireraient ; qu’au pis aller, il restait encore la ressource de convoquer quelque part l’ancien Corps législatif et de traiter avec lui.

Il s’animait en parlant, et dit à peu près ceci : — Au fond, pourquoi est-ce que je traiterais avec vous ? Pourquoi est-ce que je donnerais à votre République une apparence de légalité, en signant une convention avec son représentant ? Au fond, vous n’êtes qu’une bande de révoltés ! Votre empereur, s’il revient, a le droit strict de vous faire fusiller tous comme traîtres et comme rebelles.

Jules Favre venait de parler de l’amour de la France pour la liberté, de son goût pour la République, de ses sentiments républicains. — Êtes-vous bien sûr, riposta le chancelier, que la France soit aussi républicaine que vous le dites ?

— Certainement, dit Jules Favre.

— Eh bien, je ne suis pas tout à fait de votre avis, monsieur le ministre. Avant de traiter avec vous, nous n’avons