Page:D'Hérisson - La Légende de Metz, 1888.djvu/263

Cette page n’a pas encore été corrigée

resta sombre et silencieux sur la question des drapeaux.

« A l’issue de l’entretien, j’appris avec stupeur, et M. Thiers éprouva le même sentiment en le recueillant de ma bouche, qu’il venait de se choisir pour défenseur, sur le conseil de mon ami le colonel Magnan, l’illustre avocat Me Lachaud.

« — Quoi, m’écriai-je, le défenseur de Troppmann, pour un pareil débat ! Vous êtes perdu, Monsieur le maréchal. Malgré l’immense talent et le caractère très élevé de votre avocat, vous n’avez pas de meilleur défenseur que vous-même, pour un maréchal de France ! » Il sembla hésiter, puis ajouta : — « C’est trop tard, c’est fait. »

Quant à l’opinion de M. Thiers, la voici telle que je l’ai connue en 1870.

« Au lendemain du 31 octobre, après l’échec de ses négociations d’armistice, M. Thiers, revenu de Paris, se promenait fiévreusement de long en large dans son salon, à l’hôtel où il était logé à Tours. Mme Thiers et Mlle Dosne étaient assises près de la cheminée. Nous déplorions le refus des conditions proposées à Versailles, lorsque soudain M. Thiers, qui ne pardonnait pas son échec aux émeutiers de Paris, se retourna impétueusement vers moi, et nous jeta ces mots qui vibrent encore dans mon oreille — « C’était à prévoir… Savez-vous ce que m’a dit M. de Bismarck ? « Que voulez-vous que nous fassions de sérieux avec un gouvernement,