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Fourichon, je lui répétai textuellement les paroles du général Bazaine, qu’il écouta attentivement, sans rien répondre.

« Après déjeuner, l’Empereur m’amena dans l’embrasure d’une fenêtre de son cabinet, donnant sur les jardins des Tuileries, et me posa cette question : « — Le général a-t-il eu connaissance des infamies publiées à propos de la mort de Mme Bazaine ? — Non, sire. Le colonel Boyer et moi nous avons brûlé tous les journaux arrivés de France qui s’en étaient fait l’écho. Lors de mon départ, le général n’avait rien lu. »

L’Empereur se dirigea lentement vers la cheminée, s’y adossa ; alluma une cigarette ; puis, tortillant sa moustache, laissa tomber lentement ces mots : « Vous pouvez repartir pour Mexico. Vous direz au général que j’ai encore besoin de ses services là-bas ; qu’il doit rester au Mexique… » Et au moment où je prenais congé de Sa Majesté, Napoléon III, qui avait l’âme tendre, ajouta avec vivacité : — « Aucun autre endroit ne peut mieux convenir à sa douleur… que je partage. Vous pourrez annoncer confidentiellement au général qu’en récompense de sa très brillante campagne, il recevra sous peu le bâton de maréchal. »

« Hélas ! à mon retour à Vera-Cruz le général avait lu les journaux… et se remariait ! Qui peut dire l’influence qu’un odieux libelle a exercée sur toutes les destinées de la France ?