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« Le général, toujours muet, sans songer au risque qu’il courait d’être enlevé par les guérillas, galopait sans s’arrêter à travers l’obscurité.

« Je me permis de lui représenter que l’escorte était déjà bien loin en arrière. Il s’arrêta brusquement.

« — Ah ! mon pauvre ami, s’écria-t-il dans un long sanglot, je suis bien malheureux, bien à plaindre ! Ma vie est finie ! Je n’avais d’ambition que pour ma chère morte ! »

« Et comme j’essayais de le consoler : — Kératry, me dit-il, retrouvant sa voix ferme, aussitôt la campagne terminée, vous pourrez partir pour Paris, vous verrez l’Empereur, vous lui direz que la guerre est finie, que je lui demande comme grâce particulière, s’il est content de moi, de me rappeler de suite en France et de me réserver un commandement dans la campagne qui me paraît prochaine contre la Prusse. Une fois mes affaires réglées, je saurai bien m’y faire tuer ! »

« L’escorte, prise d’inquiétude, arrivait en toute hâte ; le général retomba dans le silence.

« Que de fois, depuis lors, cette scène nocturne, suivie de tant de drames, a hanté mon souvenir !

« Rentré à Mexico, je partis en effet pour Paris.

« Dès son retour de Compiègne, l’Empereur me fit l’honneur de m’inviter à sa table. En présenté de ses deux autres-convives, le général Fleury et l’amiral