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J’avais pris le service de jour en qualité d’officier d’ordonnance. Le courrier qui me fut remis ne contenait que quatre lettres officielles à son adresse, une de l’empereur Napoléon III, la seconde de l’impératrice Eugénie, et les deux autres des ministres de la Guerre et de la Marine. La cinquième, émanant du fidèle aide de camp, le commandant Willette, resté à Mexico pour l’expédition des affaires, nous annonçait la mort subite de la générale Bazaine, décédée en sa campagne de Chatou. Les quatre lettres étaient des messages de condoléance.

« Le général adorait sa femme, le coup porté pouvait être foudroyant. Il fut résolu entre nous que la triste nouvelle ne serait communiquée au général que le lendemain, après son entrée dans la ville d’Aguas-Calientes. Par malheur, le général, qui reposait sous sa tente, avait entendu l’arrivée du cavalier ; force fut de lui révéler la vérité.

« A l’annonce qui lui en fut faite, par son neveu Albert Bazaine, qu’il affectionnait particulièrement, le général s’abattit comme un chêne sur son lit de campagne. Tout le jour le camp, sans sonneries, respecta le deuil de son chef. A minuit, la colonne silencieuse quittait le bivouac à la rencontre des libéraux.

« De service jusqu’au rapport du lendemain, je marchais dans la nuit sombre derrière le général, qui subitement piqua des deux en avant, sans souffler mot. Je suivis seul à la même allure.